Google recherche de livres est en train de passer de sa fonction originelle de bibliothèque numérique universelle à celle de librairie à des fins plus commerciales.
En tant que bibliothèque numérique Google se pose en leader et en situation de quasi monopole : le géant de Mountain View vient d'ajouter à sa collection 400 000 ouvrages (sur les 11 millions conservés à Oxford) exclusivement sur des volumes du XIXe siècle (de la fiction, des livres scientifiques, en anglais, en français et en latin parmi lesquels la première édition de L'Origine des espèces, de Charles Darwin, parue en 1859) de la Bodleian Library, la plus ancienne et la plus prestigieuse des 34 bibliothèques rattachées à l'Université d'Oxford.
De son côté, la BNF, jusqu'alors réfractaire discute avec Google pour lui confier une partie de la coûteuse numérisation de ses oeuvres. «Nos négociations pourraient aboutir d'ici à quelques mois», reconnaît Denis Bruckmann, directeur général adjoint et directeur des collections de l'établissement français, interrogé par La Tribune.
L'objectif initial était, en 2004, de numériser en six ans 15 millions de livres conservés dans les 22 grandes bibliothèques américaines et 7 européennes. "Google ne s'est pas tourné que vers les bibliothèques. Il propose aussi aux maisons d'édition qui le souhaitent de numériser gratuitement leurs titres et de les inclure dans sa base, afin qu'ils soient repérables sur Internet. A ce jour, 25 000 éditeurs ont conclu des accords, essentiellement des petites maisons spécialisées, les grands groupes préférant se tenir à l'écart. " En France, les éditions de l'Eclat ont ouvert le bal avant d'être suivi par Vrin, L'Harmattan, Le Petit Futé ou Champ Vallon.
Selon un récent article du Monde, Google se retrouve Aujourd'hui "détenteur d'un portefeuille numérique de 10 millions d'oeuvres - dont la moitié en anglais. Sur ce total, 1,5 million appartiennent au domaine public et peuvent être lues gratuitement, dès lors qu'on a accès à Internet ; 1,8 million viennent des accords passés avec les éditeurs ; quant aux 6,7 millions restantes, elles appartiennent à une zone grise. Il s'agit le plus souvent d'oeuvres épuisées mais couvertes par le droit d'auteur, raison pour laquelle les internautes n'ont accès qu'à de courts extraits."
Pour mettre fin aux nombreuses poursuites judiciaires intentées contre eux, Google a accepté en octobre 2008 de créer un registre qui permettra l'identification des ayants droit et de les indemniser grâce à une enveloppe de 125 millions de dollars. Pour entrer en vigueur, cet accord doit toutefois être approuvé le 7 octobre prochain par la justice américaine.
Toujours selon Le Monde, la Commission européenne auditionnera les responsables de Google, Le 7 septembre, trois jours après la date fixée par l'entreprise américaine aux ayants droit du monde entier pour décider s'ils acceptent de participer au projet. "Selon cet accord, soit l'ayant droit renonce à toute poursuite contre Google, touche 60 dollars par oeuvre numérisée, et deux tiers du prix du livre lorsque celui-ci sera acheté ; soit il refuse, ne touche rien mais garde le droit d'attaquer Google."
François JEANNE-BEYLOT
source : Le Monde, Le Figaro
Note du 28 aout : "Jean-Noël Jeanneney revient à la charge, dans une tribune publiée dans le Figaro d’hier, à propos des discussions entre la Bibliothèque de France et Google à propos de la numérisation de ses collections" préférant cette fois ci Gallica et dénonçant deux points insupportables de Google. In Libération
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