Hier, c'est ouvert discrétement le blog officiel de Google France, "la voix officielle de Google France, (...) canal d’échange, pour partager avec vous, particuliers et professionnels, toutes les actualités sur Google et nos produits". Il ne compte encore ce matin qu'un seul abonné à son flux RSS et un seul article, un édito de Jean-Marc Tassetto, récent Directeur Général de Google France. Il nous apprend les futurs évolution du bureau parisiene de Google : "Avec plus de 200 “Googlers”, le bureau de Paris a grandi rapidement et sera amené à se développer considérablement dans les mois à venir " avec l’ouverture d’un centre de recherche et de développement, la création d’un Institut culturel européen, un programme de soutien aux entrepreneurs français de l’Internet ainsi que le financement de projets de recherche universitaire.
Jean-Marc Tassetto y écrit son ambition pour Google France : "Poursuivre et développer des projets innovants qui ancreront toujours plus Google en France, contribuer à l’essor des entreprises françaises de toutes tailles et être à l’écoute de nos clients, de nos partenaires et de nos fidèles utilisateurs", fort du constat suivant : "Depuis bientôt dix ans, avec détermination, Google France fait le pari quotidien de contribuer au développement économique et technologique de l'hexagone".
Je ne sais pas si l'on doit se réjouir de ce genre de propos ... D'un coté, je me réjouis de voir un acteur (de plus) se soucier de l'essor des entreprises françaises et du développement économique et technologique du pays. De l'autre, je peux que regretter qu'il soit privé et qu'il agisse dans son propre intérêt : ancrer toujours plus Google en France. A-t-on besoin d'ancrer plus encore cet acteur dans notre pays ou il est déjà en situation de monopole ? En France Google détient autour de 90% des parts de visites web selon les mois (comme au Royaume Uni et entre 90 et 95 % en Espagne et en Allemagne) selon le baromètre des moteurs de At Internet. Aux USA, Google ne représente qu'entre 60 et 65 % des recherches (contre 18 à 20 % pour Yahoo ! et 10 à 12 % pour Bing) selon Comscore Search Engine Rankink. Que fait-on en France pour aider le développement des moteurs nationaux ? Je dois en effet avouer mon amertume que les propos cités ici ne viennent pas de Dassault Système, nouveau propriétaire d'Exalead. A l'heure ou certains doutent des intentions de Google, en tête desquels Nathalie Kosciusko Morizet, l'ancienne secrétariat d'Etat à l'économie numérique (CF mon billet d'hier), que fait on pour sortir de se monopole privé ? On fustige contre un Facebook qui deviendrait payant mais que fera-t-on si (quand ?) Google fera payer certains de ces services ? C'est d'ailleurs déjà le cas (en dehors de Google Ad Words, payant depuis toujours mais "légitimes") avec Google Sketch-Up, Google Books, etc.
Ce monopole privé n'est pas qu'une simple question économique. Je l'écrivais déjà il y a 2 ans : Google n'est plus un moteur de recherche. Cet usage d'Internet "que" via Google transforme l'usage même du réseau. On ne cherche plus sur Internet mais dans les pages que Google connait d'Internet, ce qui est, somme toute, bien différent ...
François JEANNE-BEYLOT
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