Nous assistons pourtant depuis quelques mois à une utilisation de l’appareil étatique dans un magnifique cas d’intelligence économique assortie d’une propagande digne de la Corée du Nord. Malheureusement cette manipulation a lieu, non pas pour défendre les intérêts de la Nation, de ses entreprises ou de ces citoyens mais pour servir une politique politicienne qui divise actuellement les français et faire passer, en force, une promesse de campagne. Décryptage :
Utilisation des acteurs privés pour préparer ses arguments
Le
Service d’Information du Gouvernement (SIG) qui dépend directement de Matignon
a lancé le 29 août dernier une consultation de “prestation de conseil
stratégique en communication, de création, conception et réalisation, d’actions
de communication médias et hors médias, dans le cadre d’opérations de
communication gouvernementale, pilotées par le service d’information du
gouvernement”. Dans cette consultation, il est demandé aux agences de
réfléchir sur un scénario fictif (étude de cas n°1), une campagne de communication sur
l’égalité des droits. Les objectifs de cette campagne “vise à sensibiliser l’ensemble
de la population aux enjeux démocratiques de l’égalité des droits en France.
Elle devra ainsi permettre de préparer l’opinion aux futures évolutions de la
réglementation (par exemple : évolution du code civil en matière de
mariage et d’adoption par les couples homosexuels) “. La consultation
précise que campagne vise aussi bien le grand public que “toutes les personnes pouvant se
sentir concernées par ces problématiques” ; Elle précise que “les acteurs des réseaux
associatifs devront être impliqués dans le dispositif, en tant que des relais
potentiels des éventuelles actions”. Ainsi, les agences qui ont
répondu à cet appel d’offres ont proposé tous les moyens qu’elles estiment
pertinents pour répondre aux objectifs fixés. Il leur était demandé de livrer
une note de réflexion stratégique sur les enjeux et les partis pris, la justification des
partis pris créatifs, les messages clés, la stratégie médias, des pistes
créatives, un plan d’action détaillant les moyens préconisés,
les
grandes étapes du calendrier, une estimation financière, etc. L’agence retenue
(Publicis) ne mettra pas en oeuvre son scénario puisqu’il est
« fictif » et a simplement permis d’analyser les offres, mais les
services du Premier Ministre se sont offerts gratuitement la réflexion
stratégique des plus grandes agence de communication française … Le
cahier des clauses administratives particulières de cette consultation précise
dans son article 14 que le pouvoir adjudicateur, le SIG, devient propriétaire
de tous les documents et supports des prestations fournies par les titulaires.
Pas de débat mais des auditions peu objectives
Pour seul "débat" sur le sujet le gouvernement organise, en commission des lois de l'Assemblée nationale, des auditions. Celles-ci ont été contestées pour leur impartialité et certaines personnes y ayant été convoquées, comme les représentants des grandes religions, se sont plaint de leur déroulé et de l'absence de débat. Le rapport de ces auditions a de son coté clairement choisi son camp en invitant sur les réseaux sociaux à manifester pour le projet de loi et a défilé en tête de cortège lors de la manifestation pro du 16 décembre dernier.
Mobilisation de l’appareil d’état
Plusieurs services étatiques ont été mis au service du gouvernement pour soutenir ce projet de loi. S'il est habituel de constater une guerre des chiffres lors de mouvements sociaux les différents organismes qui publient ces chiffres officiels ont agit de façon particulièrement grossières dans les derniers mois. Ainsi, la Préfecture de Paris a sciemment minimisé les chiffres des manifestations contre les projet de loi qui eurent lieux les 17 et 18 novembre dernier à Paris notamment. Lors de manifestation pour soutenir le projet de loi, à l'inverse les chiffres ont été largement gonflés et selon certains, annoncés dès le début de la manifestation. Les médias publics ont aussi été mis à contribution minimisant les chiffres, les relayant en informations secondaires en prenant partie en faveur du mariage pour tous.
Le gouvernement ne faisant aucun communiqué officiel il maintient l'opinion publique dans un flou sur la définition du projet et ce qu'il inclut : mariage, adoption, procréation médicalement assistée, gestation pour autrui, etc. Le texte du projet de loi, non officiellement diffusé évoque pourtant le mariage et l'adoption, tout comme l'engagement 31 du candidat Hollande à l'élection présidentielle :"j'ouvrirai le droit au mariage et à l'adoption aux couples homosexuels." Le choix des mots participe enfin à la propagande comme le rappelle très bien André Pouchet, un professeur de Lettres.
Bref, la bonne nouvelle c'est que l'état est capable de mettre en place un dispositif d'intelligence économique, l'histoire dira s'il a été efficace ... la mauvaise nouvelle c'est que ce dispositif n'est pas au service d'un quelconque patriotisme ou d'une défense nationale mais utilisé contre l'avis d'au moins la moitié de la population.
François JEANNE-BEYLOT
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