J'animais il y a quelques jours un atelier au salon MIS Documation avec
Véronique Mesguich, co-Présidente de l'ADBS, sur le thème "Le moteur de recherche un
animal social". Voici donc en quelques lignes le point de vue que
j'ai exposé après une présentation par Véronique sur la complémentarité parfois
concurrentielle entre les moteurs de recherche traditionnels et la recherche
sociale.
En guise d'introduction sur le sujet, rappelons les différentes générations
d'outils de recherche : sourcing, search et social, déjà évoquées ici. Alors le moteur de recherche est-il un animal social ?
Trois éléments de réponse :
1) Un moteur est un outil, il n'est donc pas un animal ...
Comme souvent on voudrait réduire Internet et son utilisation à une histoire
d'outils ! N'oublions pas la méthode qui permet à l'animal qu'est l'internaute
d'utiliser les bons outils. Un outil fait ce qu'on lui demande, s'il s'agit de
rechercher avec un moteur de recherche traditionnel sur les sites sociaux, cela
s'avèrera peu pertinent. L'approche sociale de la recherche est justement
complémentaire : il ne s'agit pas d'adapter les algorithmes pour des sites
sociaux mais bien de bénéficier d'une approche différente où les autres
internautes me recommandent des sources, des sites Internet, des informations.
Cela implique de choisir les "autres internautes" nous y reviendrons.
2) Il faut éviter de succomber au phénomène de mode. Si la
tendance est aujourd'hui à l'utilisation sociale du Web, rappelons qu'il y a
une dizaine d'années, elle était à l'utilisation de Second Life ... Il ne s'agit
donc pas de saupoudrer un peu de "social" dans nos modes de recherche
pour les rendre plus pertinentes. Surtout s'il s'agit de recherches
professionnelles ; Finalement lorsque je recherche une information, la pensée
de l'internaute (dans le sens le plus péjoratif du terme) sur le sujet
m'intéresse-t-elle vraiment ? La recherche efficace n'est donc pas forcément
sociale mais celle qui répond à une méthode efficace. La réciproque est
d'ailleurs vraie avec des approches des marques parfois absurdes sur les outils
sociaux, cherchant à draguer des fans, sans imaginer l'intérêt qu'ils
pourraient avoir à soutenir leur marque (et souvent en interdisant à leur
propres collaborateurs de devenir "fans", en tout cas depuis leur
lieu de travail !)
3) En fait la recherche sociale est, à mon sens intéressante,
(indépendamment des recherches spécifiques où l'on cherche à savoir ce que
pensent les internautes) si l'on utilise bien les réseaux sociaux : si je veux
avoir des avis pertinents d'internautes sur un sujet, il faut que je choisisse
mon réseau, mes relations, mes amis, en conséquence : en fonction de la
pertinence de leur réponse. Et que ces relations jouent le jeu en partageant
des informations utiles et pertinentes. En fait la recherche sociale
est efficace si les internautes qui m'entourent ont une attitude responsable.
Je me tournerai donc plus vers une sélection pertinente de Twittos qui relayent
régulièrement le résultat de leur veille, que sur Facebook, où mes
"amis" partagent leurs états d'âmes ou leurs pérégrinations.
Il est enfin amusant de constater que, si hier les taux de participation
globalement reconnus répondaient à une loi de Pareto (80 % de consommateurs
pour 20 % d'acteurs), aujourd'hui, avec le développement du Web social ... la
participation des internautes répond plutôt à la règle
du 1 % : 1 % de créateurs de contenu, 4 % de correcteurs, commentateurs
pour 95 % de consommateurs ! On assiste en fait à une spécialisation ; ceux qui
contribuent sont de moins en moins nombreux mais deviennent des professionnels
de la pratique : super-contributeurs sur Wikipédia, professionnels de l'avis en
ligne, etc. Cela limite du coup l'intérêt de la recherche sociale si ces rares
contributeurs participent plutôt par habitude ou parce qu'ils ont le temps de
le faire et non parce qu'ils sont experts du sujet.
François JEANNE-BEYLOT
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